Là-haut sur la montagne
Les crêtes neuchâteloises s’élèvent jusqu’à plus de 1'500 mètres d’altitude ; elles comportent de nombreuses espèces animales et végétales typiques des étages montagnard et subalpin. La faune et la flore d’altitude sont adaptées aux conditions difficiles de la montagne. Toutefois, l’équilibre y est très fragile, car il n’y aucune possibilité de se réfugier encore plus loin, encore plus haut. Quand tu évolues dans ces endroits reculés, que ce soit sur ou dans la montagne (pour les spéléologues), veille à respecter la vie qui a su s’y installer.

Le printemps correspond à la période de reproduction et d’élevage des jeunes chez de nombreuses espèces. Si tu as la chance d’apercevoir des animaux, reste à distance pour les observer, quitte à sortir tes jumelles. Il en va de même pour les oiseaux des falaises que tu pourrais rencontrer sur une voie d’escalade ou depuis les airs. Ceux-ci doivent être évités dès que possible. Tu auras peut-être l’impression que ces oiseaux qui couvent ne te craignent pas et que tu peux t’en approcher sans les déranger, mais ce n’est pas le cas. Même s’ils quittent le nid au dernier moment, le stress est installé depuis longtemps. Il vaut donc mieux éviter les falaises de février à fin juin.
La fin du printemps correspond généralement à la période de floraison en altitude. Prends garde à ne pas piétiner cette flore subalpine qui, malgré sa petite taille pour résister aux conditions climatiques, s’avère souvent d’une richesse incroyable.
En été, veille à ne pas disperser les troupeaux d’ongulés (chamois, chevreuils, bouquetins) ; ceux-ci doivent pouvoir vaquer à leurs activités, notamment se nourrir de manière à accumuler suffisamment de réserves pour affronter la période hivernale. Dès la fin de l’été pour le chevreuil et le chamois et à la fin de l’automne pour le bouquetin, il est important de ne pas déranger les ongulés pendant le rut.
Pendant l’automne, certains oiseaux migrateurs font halte sur les crêtes pour se reposer et se nourrir avant de repartir vers le Sud. Un long voyage les attend encore et tout dérangement leur ferait dépenser inutilement leur énergie. A cette saison, il est également important de respecter les plantes herbacées qui ont pour fonction essentielle de protéger le sol. Un sol exposé au vent et à la pluie est un sol qui subit de plein fouet les effets de l’érosion.
En hiver, si l’animal prend la fuite en raison d’un dérangement, il perd de précieuses calories qu’il n’arrivera pas à compenser en se nourrissant davantage, car il n’y a quasiment plus de nourriture à disposition. De plus, comme nous autres humains, la transpiration provoquée par la course rend les animaux plus vulnérables au froid. Dans des secteurs abrupts ou irréguliers, toute fuite peut provoquer une blessure voire une chute mortelle. En hiver, afin de ne pas déranger la faune, reste à distance (dans les airs aussi) et évite ses secteurs préférés, par exemple les lisières de forêt.
Quant aux chauves-souris, elles sont plus sensibles pendant la période d’hibernation ; entre mi-octobre et mi-mars, ce n’est pas le moment d’aller crapahuter dans les grottes.
De nombreux animaux sont actifs à l’aube, au crépuscule ou la nuit. Laisse-les vaquer tranquillement à leurs occupations. Et garde en tête que à l’intérieur de la montagne, c’est toujours la nuit. Modère ton éclairage et surtout ton bruit lors de tes virées souterraines.
Les animaux peuvent s’habituer à la fréquentation des sentiers officiels, non aux dérangements qui surviennent de toute part. En suivant les itinéraires balisés, tu réduiras non seulement ton impact sur la faune, mais aussi sur la flore ainsi préservée du piétinement. Sur les crêtes rocheuses, les falaises ou tout simplement les dalles affleurantes, prends soin de ne pas abîmer les espèces rupestres ; qu’il s’agisse de plantes herbacées ou de lichens, ces espèces ont souvent mis beaucoup de temps à s’installer dans de tels endroits.
Dans certaines zones, par exemple sur le Haut Plateau du Creux-du-Van, le cyclisme, le VTT, l’équitation, le ski de fond, le ski de randonnée et la raquette à neige ne peuvent se dérouler que sur les tracés désignés sur les plans et sur les routes ouvertes à la circulation publique (voir Documents à télécharger ci-dessous). La pratique de l’escalade n’est pas autorisée entre le 1er janvier et le 31 juillet au Creux-du-Van.
Il est interdit de s’envoler ou d’atterrir avec un aéronef civil avec occupant (parapente, etc.) dans les districts francs fédéraux. Le survol de ces zones avec un aéronef sans occupant (drone, modèle réduit, etc.) est également proscrit. Si tu t’apprêtes à prendre les airs, préfère les sites situés auprès des infrastructures plutôt que ceux préservés des activités. Veille aussi à passer les crêtes en conservant une bonne distance avec le sol. En effet, de nombreux animaux sont fortement dérangés par les sports et engins aériens ; même une ombre projetée au sol est considérée par eux comme un danger de prédation et peut donc déclencher un comportement de fuite.
En altitude, l’activité organique est souvent moins rapide en raison des températures plus fraîches. Remporte donc tous tes déchets, y compris les restes de pique-nique biodégradables. Ne brûle pas tes déchets. En effet, la combustion de certaines matières entraîne la pénétration de substances indésirables dans le sol. Ces substances altèrent également la qualité de l’air et altèrent les sources d’eau situées à proximité. Si c’est le moment de soulager ton organisme, prends soin de le faire « dans les règles de l’art ». Qu’il s’agisse d’urine ou de selles, nos excréments sont chargés en nutriments (azote, phosphore, etc.), en agents infectieux (bactéries fécales, etc.) et en divers résidus issus de notre consommation (médicaments, hormones de contraception, etc.) qui ont tous un impact sur l’environnement qui les accueille. Consulte les recommandations à cet effet (suis le lien Découvre les recommandations).
En montagne, il est vite tentant de déplacer les pierres, pour faire des cairns par exemple. Cela peut sembler être un geste anodin, mais en fonction de leur disposition et de leur taille, ces structures terrestres peuvent être le refuge d’insectes, serpents, lézards, mammifères et autres petits animaux. Veille à ne pas créer de nouveaux obstacles pour cette petite faune.
Le canton de Neuchâtel est une région calcaire, dont les grottes ont généralement été creusées par l’action de l’eau et qui représentent souvent les voies de l’écoulement souterrain. Contrairement à d’autres régions, l’eau s’infiltre rapidement dans le système karstique et réapparaît à la surface quelques heures plus tard seulement. Si tu pratiques la spéléologie, veille donc à protéger la qualité de l’eau des grottes que tu visites. Aussi, chaque contact laisse des traces et peut interrompre pour toujours des phénomènes qui sont en place depuis des siècles ; veille à toucher le moins de choses possible et renonce à allumer un feu, même à l’entrée de la grotte, le long de falaises ou vers des abris sous roche.
En tant que vététiste, tu peux préserver les sentiers et éviter une érosion problématique en freinant de manière progressive. En effet, les sols sont peu profonds en altitude et encore moins dans les régions calcaires.
Remplis tes sens et ta mémoire et non tes poches ! Opte plutôt pour les photos que pour la récolte. Et si tu prends de beaux clichés, ne cherche pas à collectionner les « likes » sur les réseaux sociaux ; en faisant ainsi la promotion de tes spots préférés, tu pourrais provoquer la surfréquentation de lieux à l’équilibre fragile. Ce conseil s’applique aussi aux géocaches qui devraient être sélectionnées de manière à ne pas porter préjudice au milieu qui les accueille.
Si tu visites une grotte, laisse en place toutes les concrétions calcaires. Stalagmites et stalactites ont mis beaucoup de temps à se former, c’est un patrimoine géologique protégé et à conserver.
En tant que randonneur, tu es prioritaire le long des chemins pédestres, mais tu peux veiller à laisser passer les vététistes qui eux, prendront le soin de ralentir et de signaler leur présence.
En hiver, utilise les itinéraires prévus pour ton sport ; que tu sois en ski de fond classique, en skating, en raquettes ou à pied sur la neige, chaque activité profite de sa propre voie. Si tu es amené·e à traverser une piste de ski de fond classique et/ou skating, tu peux le faire de manière à ne pas endommager le traçage, car les fondeurs paient un abonnement afin de pouvoir disposer de ces espaces préparés. Les chiens ne sont généralement pas autorisés sur les pistes de ski de fond, mais la piste des Loges à la Vue-des-Alpes leur est ouverte.
En montagne, les conditions de vie sont rudes. La période de végétation est réduite et les conditions météorologiques sont difficiles. Il est important que la faune présente en ces lieux ne soit pas inutilement dérangée et stressée.
Garde à l’œil ton animal, fais en sorte qu’il ne s’éloigne pas de toi et tiens-le en laisse (avec une longueur adéquate) à chaque fois que cela est demandé ou que tu aperçois des animaux. Assimilée à celle d’un prédateur, son odeur peut représenter un dérangement si elle est perçue en dehors des itinéraires habituels.
Les villes et agglomérations fourmillent d’activités qui génèrent du bruit. Avec l’accroissement des nuisances sonores, nous avons un besoin accru de tranquillité. Les zones de crêtes éloignées des villes et agglomérations représentent l’un des derniers endroits où nous n’y sommes pas exposés.
Respecte ces lieux en profitant de ta playlist avec tes écouteurs et en prévoyant des activités calmes. Humains et non-humains te remercient.
Principales zones protégées concernées (liste non exhaustive) :
- Réserves naturelles de la faune et de la flore : Creux-du-Van et Gorges de l’Areuse (Val-de-Travers / La Grande Béroche / Rochefort / Boudry), Combe Biosse (Val-de-Ruz / Lignières)
- Zones à protéger cantonales : Haut Plateau du Creux-du-Van (La Grande Béroche / Val-de-Travers), Les Roches Blanches (Côte-aux-Fées / Val-de-Travers)
- Biotope cantonal : La Roche-Devant (La Grande Béroche)
Consulte la règlementation en vigueur en suivant les liens ci-dessous (Informe-toi sur les aires protégées et Révise la réglementation des activités).
La montagne n’est pas un parking. Pour la préserver, utilise les transports publics. Planifie ton itinéraire en fonction des arrêts (suis le lien Planifie ton itinéraire). Si tu n’as pas d’autres choix que celui du transport individuel motorisé, parque ta voiture sur les aires dédiées, c’est toujours ça de gagné.
Tu peux soutenir les exploitations de montagne en consommant leurs produits. S’ils sont « km zéro » et issus d’une agriculture plus respectueuse, c’est une façon concrète de préserver notre environnement.
En altitude, l’eau se fait rare car elle s’infiltre rapidement dans le sol calcaire. Pour couvrir leurs propres besoins en eau et ceux du bétail, les métairies et les alpages récoltent l’eau dans une citerne ou doivent la faire acheminer de manière onéreuse. Utilise l’eau des buvettes d’alpage avec parcimonie et accepte de payer pour profiter des toilettes, surtout si tu ne consommes pas sur place.