Ma petite balade dans la prairie
Les prairies sont des milieux importants pour la flore et les insectes qui lui sont intimement liés. Entre deux secteurs plus abrités tels que les bosquets ou la forêt, elles représentent des zones de relais pour la petite faune, y compris le lièvre. De nombreux oiseaux insectivores, comme le tarier des prés, l’alouette lulu, le pipit farlouse, la caille des blés ou le râle des genêts, profitent du couvert offert par les grandes herbes pour nicher au sol. Enfin, ces espaces sont souvent des propriétés privées dont l’exploitation à des fins agricoles dépend de leur préservation. En rentrant dans une prairie ou dans un pâturage, tu accèdes au garde-manger du bétail.

Pendant la période de reproduction en printemps-été, certains oiseaux profitent des cachettes procurées par les hautes herbes pour nicher au sol. C’est aussi une période pendant laquelle de nombreux insectes accomplissent leur cycle de vie ou de reproduction et se nourrissent dans les prairies, par exemple en butinant. Les dates de fauche sont déterminées en fonction de l’altitude ; grosso modo, le Littoral et le fond du Val-de-Ruz sont classés, d’un point de vue agricole, en tant que zones de plaine et de collines avec une première fauche possible à la mi-juin. Le reste du canton est quant à lui considéré comme zone de montagne. Cela signifie que pour ces prairies, la fauche intervient de manière plus tardive, entre début et mi-juillet selon les secteurs, afin de permettre à de nombreuses espèces d’achever leur développement. Quelques semaines après la fauche, certaines fleurs fleurissent à nouveau et les insectes continuent leur cycle. Toi aussi, comme les agriculteurs, tu peux veiller à protéger ces espèces en restant sur les chemins plutôt qu’en coupant à travers champs.
En automne, il est aussi important de respecter la végétation qui aura pour fonction essentielle de stabiliser le sol avec l’arrivée de fortes pluies ou de la neige. En effet, les arbres ne sont pas les seuls à apporter une protection contre l’érosion et les glissements. Les plantes herbacées consolident aussi le sol grâce à leurs racines et en lui offrant une couverture, elles réduisent l’impact du vent et de la pluie à sa surface.
En hiver, assure-toi que la couche de neige est assez épaisse pour te déplacer à ski ou en raquettes. Comme cette période est critique pour de nombreuses espèces animales, il est préférable de se tenir à distance des lisières de forêt et des surfaces non enneigées ; ce sont des endroits que les animaux apprécient et ta présence risque de provoquer leur fuite. Cette dépense d’énergie importante pourrait, à force de répétition, leur devenir fatale.
La nuit, comme dans d’autres milieux naturels, respecte la tranquillité de la faune et les activités des espèces nocturnes en te faisant le plus discret·ète possible.
Dans le canton de Neuchâtel, les sols sont relativement peu profonds et la roche peut rapidement affleurer là où les passages sont fréquents. Les prairies et pâturages secs, dont la valeur écologique est très importante, ont des sols très superficiels. Ils accueillent non seulement des espèces végétales caractéristiques de ces milieux, mais aussi des lichens et des champignons menacés que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Que ce soit à pied ou sur ton vélo, en suivant les chemins balisés, tu évites d’une part d’écraser les surfaces herbacées qui supportent mal le piétinement et d’autre part d’abîmer le sol. Dans les prairies de fauche, les agriculteur·trices te seront reconnaissant·es de ne pas coucher la végétation et rendre ainsi leur travail encore plus compliqué.
Dans les marais et sites marécageux d’importance nationale qui comportent aussi une faune et une flore très spécifiques, l’équitation, le vélo, le ski de fond et toute autre activité sportive ou de loisirs doivent être réalisés sur les chemins et itinéraires balisés à cet effet. Il y est interdit de s’envoler ou d’atterrir avec un aéronef civil avec occupant (parapente, etc.). Cela dit, comme ces milieux sont caractérisés par des sols gorgés d’eau, donc facilement menacé par la compaction, il est préférable de rester sur les sentiers prévus à cet effet pour tout type d’activité.
Les surfaces ouvertes ne sont pas toutes autorisées au survol avec un drone. Consulte la carte des zones de restriction avant de partir (suis le lien Prépare ton itinéraire).
La plupart des déchets prennent beaucoup de temps à se décomposer et pendant cette période, ils relâchent des composés toxiques qui polluent les sols et fragilisent l’écosystème. Les déchets peuvent également représenter un danger d’ingestion par le bétail et la faune sauvage, d’intoxication ou de blessure, voire d’incendie (mégot de cigarette, tesson de bouteille). Même les déchets organiques, comme les peaux de banane ou celles des agrumes, peuvent nécessiter beaucoup de temps pour se décomposer.
Si tu es en promenade avec ton chien, récupère ses poils après l’avoir brossé, car ceux-ci sont enduits de substances cosmétiques et biocides qui agissent de la même manière sur l’environnement que contre les puces dont tu aimerais protéger ton animal. Emporte ses crottes, car elles souillent le fourrage et peuvent transmettre des maladies au bétail.
Concernant tes propres déjections, il ne te viendrait certainement pas à l’idée de te soulager dans le frigo de ton voisin, alors ne le fais pas dans le garde-manger des troupeaux ! De plus, les prairies et pâturages secs, tout comme les hauts-marais (tourbières), sont des milieux pauvres en nutriments et n’ont pas besoin d’être engraissés. Différentes précautions sont aussi à observer, que ce soit pour la petite ou la grosse commission (suis le lien Découvre les recommandations).
Si tu cherches à t’installer confortablement pour le pique-nique, choisis un endroit favorable pour déposer tes affaires, afin de ne pas écraser la végétation et coucher les hautes herbes. Pour une grillade, utilise les foyers déjà existants car chaque nouveau foyer est source de pollution.
Les fleurs servent non seulement de garde-manger à une multitude d’insectes volants, dont de nombreux papillons et abeilles sauvages ou domestiques, mais ce sont aussi elles qui assurent la reproduction sexuée des plantes qui les portent. Les cueillir avant qu’elles n’aient eu le temps de disséminer leurs graines représente donc un double impact : pour la plante et pour les insectes qui en dépendent.
En dehors des zones de protection naturelle et des espèces protégées par la loi, la cueillette est permise. Toutefois, nous te conseillons de photographier ou de dessiner les plus belles fleurs, tout en les laissant en place ; là, elles survivront plus longtemps que glissées dans un vase chez toi. Même les jonquilles qui recouvrent les pâturages neuchâtelois sont des fleurs potentiellement menacées ! Dans le canton, il n’y a pas d’interdiction édictée pour leur cueillette, mais nous te conseillons vivement d’y renoncer. Dans tous les cas, il n’est pas autorisé de prendre plus d’un seul bouquet (qui tient dans une main fermée), ni d’arracher les bulbes des jonquilles.
Enfin, si tu es un·e naturaliste aguerri·e et que tu as repéré une plante particulièrement rare, évite d’en faire la promotion, par exemple en postant tes clichés sur les réseaux sociaux ; tu risques d’attirer des personnes qui pourraient ne pas avoir la même éthique que toi ou qui en raison de leur nombre, pourraient nuire au site qui accueille cette espèce.
Les prairies et pâturages ne sont pas que des éléments paysagers agréables pour la détente, ce sont aussi le garde-manger des troupeaux ; ils représentent donc le travail d’un·e agriculteur·trice qu’il faut respecter. Fais attention à ne pas coucher les herbes, cela rend la fauche plus difficile.
Referme toutes les barrières derrière toi. Maintiens la distance avec les vaches allaitantes afin d’éviter les mauvaises surprises ; elles protègent leur veau et peuvent se montrer agressives pour les protéger. N’hésite pas à faire un détour selon les situations. Vérifie également que le secteur n’est pas surveillé par un chien de protection et suis scrupuleusement les conseils qui sont généralement donnés à l’entrée des pâturages gardiennés ; il est par exemple généralement recommandé de se faire entendre suffisamment loin par les chiens de troupeaux afin de ne pas les surprendre au dernier moment.
Un chien qui s’échappe dans une prairie représente un danger pour les oiseaux qui nichent au sol ou pour les jeunes faons. Par le dérangement qu’il provoque, il peut entraîner la mort des oisillons ou de jeunes mammifères. Idéalement, il faudrait donc que ton chien soit tenu en laisse jusqu’à la mi-juillet, au même titre que durant les promenades en forêt.
La rencontre entre un chien et un cheval peut s’avérer délicate. Si le premier est un animal au comportement prédateur, le second aura plutôt tendance à prendre la fuite ou à se défendre en ruant. Prépare-toi à ce type de situations. En tant que cavalier·ère, tu peux réduire l’allure en approchant des personnes et veiller à te faire remarquer d’elles assez tôt. En tant que propriétaire de chien, sois toujours prêt·e à rappeler ton animal et à le tenir en laisse, du côté opposé à celui du cheval.
La pollution sonore ne nuit pas uniquement à la santé humaine, elle impacte aussi celle des oiseaux. Dans les endroits bruyants, ceux-ci sont contraints d’adapter leur chant pour se faire entendre par leurs congénères. Des études ont également démontré que les bruits générés par les activités anthropiques pouvaient influencer de manière négative la croissance des oisillons, le succès reproductif des adultes et provoquer chez ces derniers un vieillissement accéléré.
N’empêche pas les oiseaux de s’exprimer, fais-toi plaisir en les écoutant, d’autant plus qu’il semblerait que cela soit aussi bon pour notre santé. Si tu préfères ta propre playlist, laisse les autres personnes profiter du chant des prairies en enfilant tes écouteurs.
Les prairies et pâturages secs (PPS) sont des habitats riches en espèces et sont le résultat d’une exploitation agricole extensive et traditionnelle menée depuis plusieurs siècles ; environ deux tiers des espèces rares et menacées de la flore suisse y vivent. Depuis la fin du 19ème siècle, plus de 95 % des PPS ont été détruits en Suisse. Il est crucial de préserver les zones restantes. Dans le canton de Neuchâtel, 55 sites sont référencés en tant que PPS d’importance nationale.
Principales zones protégées (liste non exhaustive) :
- Prairies et pâturages secs d’importance nationale : Creux-du-Van (La Grande Béroche), Mont-Racine et Rochers Bruns (Val-de-Ruz), Planeyse (Milvignes), Petit Som Martel (Les Ponts-de-Martel)
- Sites marécageux d’importance nationale : La Brévine (La Brévine / Le Cerneux-Péquignot / La Chaux-du-Milieu), Les Ponts-de-Martel (Les Ponts-de-Martel / Brot-Plamboz / Val-de-Travers)
- Zones à protéger cantonales : Haut Plateau du Creux-du-Van (La Grande Béroche / Val-de-Travers), Les Sagnes (Rochefort), Planfet-Les Bourquins (La Côte-aux-Fées), Les Joûmes-Les Escaberts (Le Landeron)
- Zones à protéger communales : Pâturages boisés de Chuffort (Val-de-Ruz / Lignières) et de Grand Sommartel (Les Ponts-de-Martel)
- Réserves naturelles Pro Natura : Les Goudebas (Le Locle), Pertuis-du-Sault (Neuchâtel), Les Sagnes (Boudry), Les Tourbières des Ponts-de-Martel (Les Ponts-de-Martel)
Consue la règlementation en vigueur en suivant les liens ci-dessous (Informe-toi sur les aires protégées et Révise la réglementation des activités).
Si tu n’as pas d’autre choix que celui de prendre ta voiture, veille à la stationner dans les endroits prévus à cet effet afin de préserver la végétation. Dans le cas contraire, planifie tes randonnées de découverte et d’observation dans les prairies en tenant compte du réseau de transports publics (suis le lien Planifie ton itinéraire).
La fauche tardive des prairies est bénéfique pour les oiseaux nicheurs au sol. Les agriculteurs qui s’engagent à retarder la fauche acceptent un manque à gagner. Encourage-les en achetant leurs produits.