Promenons-nous dans les bois
La forêt est le lieu de vie de nombreuses plantes, de la discrète mousse aux majestueux grands arbres, d’une myriade d’animaux, du petit nématode au chevreuil, sans oublier champignons, bactéries et autres règnes du vivant moins populaires, mais non moins extraordinaires et indispensables. Toute visite en forêt est source de bien-être ; plusieurs études scientifiques reconnues ont prouvé que les « bains de forêt » avaient un effet bénéfique sur la santé, que ce soit en renforçant nos défenses immunitaires, en influençant positivement notre tension artérielle ou en diminuant notre stress. Toutefois, lors de nos escapades en forêt, nous devons considérer et respecter ceux qui y vivent tout au long de l’année.

Le printemps correspond à la période de naissance et d’élevage des jeunes mammifères et oiseaux qui ont besoin de se cacher pour se protéger des prédateurs et des intempéries. En restant immobiles au sol, ils profitent d’un bon camouflage. Chaque sortie du gîte provoquée par un dérangement, que ce soit par un chien, un randonneur ou un VTT, représente donc pour eux une mise en danger de mort. Selon l’espèce concernée, tous les efforts de reproduction d’une année peuvent être anéantis à la suite d’un seul dérangement. A cette période, il est donc extrêmement important de rester sur les sentiers et de tenir son chien en laisse.
En été, lors de périodes de sécheresse, éloigne-toi des points d’eau présents en forêt qui représentent les derniers lieux où peuvent s’abreuver les animaux. Si tu allumes du feu, fais-le dans une place dédiée à cela et quitte ton foyer seulement après avoir bien éteint toutes les braises, y compris celles qui se trouvent plus en profondeur. Lorsque les précipitations viennent à manquer depuis quelques semaines et à plus forte raison lorsqu’il y a du vent, il est préférable de ne pas démarrer un foyer, quelle que soit la période de l’année. Dans tous les cas, respecte les interdictions de faire du feu imposées par le Canton (voir sous Révise la réglementation des activités).
En automne, si tu pars à la quête de champignons, veille à te faire entendre par les animaux afin de ne pas les surprendre au dernier moment ; cela leur laisse ainsi le temps de s’éloigner, sans avoir à adopter un comportement de fuite énergivore, juste au seuil de l’hiver. Par la même occasion, tu te feras également repérer par les chasseur·esses, ce qui permettra à toutes et à tous de profiter de la nature sereinement.
L’hiver est une période délicate pour la faune ; la nourriture est difficile à trouver et peut venir à manquer. De plus, lorsqu’il y a de la neige, les déplacements sont moins aisés et demandent à la faune de dépenser plus d’énergie. Pendant cette période, chaque dérangement qui provoque la fuite d’un animal engendre pour ce dernier une consommation accrue de calories, difficile à compenser par un apport supplémentaire de nourriture. L’animal est ainsi plus susceptible de mourir de faim ou d’épuisement.
La nuit, reste discret·ète et utilise le strict minimum de lumière. En effet, il est important de respecter la tranquillité des espèces diurnes, mais aussi les activités de la faune nocturne. En cas de dérangements fréquents, les animaux nocturnes sont ainsi incités à changer leurs habitudes, en sortant plus tôt ou plus tard ; ils rentrent de ce fait en concurrence directe avec d’autres espèces que leur emploi du temps leur permettait justement d’éviter.
A l’aube et au crépuscule, la majorité de la faune s’active. En décalant ton loisir en journée, le dérangement peut être réduit.
Les animaux forestiers s’habituent aux chemins fréquentés et vaquent à leurs occupations en marge de ceux-ci. Chaque sortie en dehors des sentiers battus, soit en dehors des itinéraires balisés, oblige la faune à se déplacer dans des secteurs plus éloignés qui peuvent être moins favorables en matière de nourriture ou de refuge. Sur le long terme, cela peut impacter de manière durable le succès de reproduction ou de prédation.
Dans les forêts neuchâteloises, le cyclisme et l’équitation ne sont pas autorisés en dehors des chemins existants ; des itinéraires peuvent aussi être interdits à leur pratique, par exemple pour préserver les chemins, protéger la nature dans des zones et à des périodes sensibles ou pour éviter les conflits d’usage avec les randonneurs. La circulation de tout véhicule à moteur étranger à la gestion forestière ou des milieux naturels est interdite en forêt et sur les chemins forestiers. Aucune manifestation sportive ne peut être organisée en forêt sans une autorisation officielle. Dans le district franc du Creux-du-Van, le ski doit être pratiqué sur les pistes et itinéraires balisés et le survol avec un aéronef civil sans occupant (drone, modèle réduit, etc.) est interdit. Il y est également défendu de s’envoler ou d’atterrir avec un aéronef civil avec occupant (parapente, etc.).
La plupart des déchets prennent beaucoup de temps à se décomposer et pendant cette période, ils relâchent des composés toxiques qui polluent les sols et fragilisent l’écosystème forestier. Les déchets peuvent également représenter un danger d’ingestion par la petite faune (billes d’airsoft), d’intoxication ou de blessure, voire d’incendie (mégot de cigarette, tesson de bouteille). Même les déchets organiques, comme les peaux de banane ou celles des agrumes, peuvent nécessiter beaucoup de temps pour se décomposer. Le maître mot est donc : remporte ce que tu amènes !
En tant que propriétaire de chien, récupère ses poils après l’avoir brossé ; les poils sont enduits de substances cosmétiques et biocides qui agissent de la même manière sur l’environnement que contre les puces dont tu aimerais protéger ton animal. Ramasse ses crottes et jette-les à la poubelle, car elles peuvent potentiellement représenter une source de contamination pour les autres chiens et pour la faune sauvage.
En matière de besoins impérieux justement, si tu ne peux pas attendre de retrouver des lieux d’aisance prévus pour soulager ta vessie, choisis un arbre suffisamment éloigné d’un éventuel cours d’eau ou plan d’eau pour éviter toute contamination et emporte ton papier de toilette ou ton mouchoir. Pour les affaires plus sérieuses, Suisse Rando et le Club alpin suisse ont plein de conseils à te prodiguer (suis le lien Découvre les recommandations).
En tant que cycliste ou vététiste, tu peux prendre soin de ne pas endommager les sentiers et provoquer une érosion problématique en freinant de manière progressive.
Une petite virée dans les bois ? Profites-en pour t’imprégner, observer, photographier et pourquoi pas, dessiner ! Laisse sur place ce qui s’y trouve – hormis les déchets que tu pourrais découvrir – et touche sans toutefois déplacer.
Le ramassage du bois mort n’est pas autorisé dans les périmètres mis en réserve forestière. Cela dit, puisqu’il profite à de nombreuses espèces xylophages qui en ont besoin pour accomplir leur cycle, il est toujours préférable de le laisser sur place, que ce soit dans une réserve ou non. Il en va de même pour les pommes de pin et les plantes que tu souhaiterais ramener chez toi pour les convertir en déco ; elles sont plus utiles là où elles se trouvent.
En dehors des zones de protection naturelle et des espèces protégées par la loi, la cueillette des champignons, des baies et autres menus fruits sauvages est autorisée dans le canton. Toutefois, fais preuve de bon sens et surtout de modération, car tu n’es pas le seul être vivant à t’intéresser à ces aliments offerts par la forêt et d’autres espèces en dépendent directement. Les lisières, souvent chargées de petits fruits, sont l’une des zones les plus importantes pour la biodiversité. En effet, situées à l’interface entre deux milieux naturels, elles abritent une grande variété d’espèces ; fais donc attention à limiter le dérangement lors de ta cueillette. Si tu ramasses des champignons, limite le piétinement de l’humus. Ainsi, tu préserveras le mycélium. En ne divulguant pas « tes coins », tu évites que la biodiversité soit mise à rude épreuve par une fréquentation accrue.
Enfin, la chasse est réglementée par un arrêté cantonal annuel et interdite dans certaines zones, notamment dans les districts francs fédéraux et les réserves naturelles. Si tu souhaites devenir chasseur·esse, la fédération des chasseurs t’informera sur la marche à suivre pour obtenir ton permis et pratiquer ton activité avec toute l’éthique requise.
La forêt appartient toujours à quelqu’un, même si on a le droit de la parcourir. C’est un endroit qui regroupe des fonctions écologiques, récréatives, économiques et de protection. Afin d’éviter les conflits d’usage, il est donc important de respecter les réglementations et les autres usager·ères.
Certaines zones et itinéraires sont ainsi parfois fermés au public pendant des périodes de travaux forestiers ; il est important de respecter ces interdictions, même pendant le week-end. Les randonneurs sont prioritaires le long des chemins pédestres, mais veillent à laisser passer les cyclistes et les vététistes. Ces derniers prennent le soin de ralentir et de signaler leur présence assez tôt.
Garde à l’esprit qu’un chien en liberté peut débusquer, poursuivre et parfois blesser ou mettre à mort un animal sauvage. Ton chien doit donc rester sous ton contrôle et doit pouvoir être rappelé auprès de toi en tout temps ; il est indispensable de ne pas le laisser divaguer. Associée à celle d’un prédateur, son odeur peut représenter un dérangement si elle est détectée en dehors des chemins auxquels la faune est habituée.
Dans les districts francs fédéraux et dans les réserves naturelles, les chiens doivent être tenus en laisse toute l’année. La longueur de la laisse doit être adaptée ; une laisse trop longue ne sert pas à grand-chose. Dans les forêts neuchâteloises, les chiens doivent également être tenus en laisse du 15 avril au 30 juin ; cela correspond à la période pendant laquelle les mammifères et oiseaux nichant au sol sont particulièrement sensibles aux dérangements, soit en pleine période de reproduction. Tous les chiens ? Oui, car le chien est un animal doté d’un instinct de prédation, quels que soient sa taille et son caractère. De plus, tu montres ainsi le bon exemple aux autres propriétaires de chien.
Souviens-toi que si ton chien ou ton cheval est ton meilleur ami, les autres usager·ères de la forêt peuvent être impressionné·es ou inquiété·es par leur présence, au même titre qu’un chamois. D’ailleurs, la rencontre entre un chien et un cheval peut s’avérer délicate et il est donc utile de s’y préparer (suis le lien Découvre les recommandations).
Enfin, même si promener son chat n’est pas – encore – une pratique de nos contrées, cet animal domestique opère aussi une forte pression sur la faune sauvage lors de ses propres loisirs. Equipe-le de grelots pour éviter qu’il s’en prenne aux oiseaux. De plus, il est préférable de stériliser ton chat si tu le laisses sortir.
Tu souhaites observer les oiseaux de plus près ? Lève-toi tôt, sors tes jumelles, fais-toi discret·ète, arme-toi de patience et résiste à l’envie de passer des enregistrements pour attirer les oiseaux convoités. Pratiquée sans précaution, cette technique appelée « repasse » occasionne des dérangements pour les oiseaux ; il vaut mieux y renoncer.
Garantis la tranquillité de la faune et des autres usager·ères en réduisant au strict minimum les nuisances sonores. Pour une soirée entre ami·es au coin du feu, préfère ta bonne vieille guitare sèche à ta box. Pour un jogging ou une virée à vélo, enfile tes écouteurs. Garde en tête que tu es l’invité·e de la forêt et non le ou la maître·sse de cérémonie.
Si tu souhaites te renseigner sur les travaux en cours et les restrictions d’accès, prends contact avec l’arrondissement forestier concerné, il saura te renseigner à ce sujet, mais aussi sur d’autres questions plus générales (suis le lien Prépare ton itinéraire).
La chasse est principalement pratiquée en automne. Afin de te promener sereinement en forêt, tu peux prendre connaissance des périodes de chasse sur le site de l’Etat (suis le lien Révise la réglementation des activités).
Principales zones protégées concernées (liste non exhaustive) :
- District franc fédéral : Creux-du-Van et Gorges de l’Areuse (Val-de-Travers / La Grande Béroche / Rochefort / Boudry)
- Site marécageux d’importance nationale : Les Ponts-de-Martel (Les Ponts-de-Martel / Brot-Plamboz / Val-de-Travers), La Brévine (La Brévine / Le Cerneux-Péquignot / La Chaux-du-Milieu)
- Réserves naturelles de la faune et de la flore : Creux-du-Van et Gorges de l’Areuse (Val-de-Travers / La Grande Béroche / Rochefort / Boudry), Combe Biosse (Val-de-Ruz / Lignières), Bois des Lattes (Les Ponts-de-Martel / Brot-Plamboz)
- Zones à protéger cantonales : Roches Blanches (Val-de-Travers / La Côte-aux-Fées), Les Grattes (Rochefort), Les Joûmes-Les Escaberts (Le Landeron), Haut Plateau du Creux-du-Van (La Grande Béroche / Val-de-Travers)
- Périmètres de protection de la faune : secteurs sur La Grande Béroche, Boudry, Val-de-Ruz, Lignières, Val-de-Travers, La Côte-aux-Fées, Les Verrières, La Brévine, Les Ponts-de-Martel
- Biotopes cantonaux : Les Roches-de-Châtoillon (Cornaux / St-Blaise), Les Râpes (Hauterive), Les Saignolis (Le Locle / Les Planchettes / La Chaux-de-Fonds)
- Zones à protéger communales : Les Côtes du Doubs (Le Locle / Les Planchettes / La Chaux-de-Fonds), Les Gorges du Seyon (Neuchâtel)
- Réserves naturelles Pro Natura : Pertuis-du-Sault (Neuchâtel), Les Tourbières des Ponts-de-Martel (Les Ponts-de-Martel)
Consulte la règlementation en vigueur en suivant les liens ci-dessous (Informe-toi sur les aires protégées et Révise la réglementation des activités).
Il est interdit de circuler sur les dessertes forestières. Il peut aussi être interdit de parquer sa voiture en forêt, car le stationnement de tout véhicule représente des risques de déversement d’hydrocarbures et provoque le tassement des sols ainsi que le piétinement de la végétation et de la petite faune qui s’y cache.
Les forêts proches des agglomérations sont le plus souvent très accessibles en transports publics. Planifie ton itinéraire en fonction des arrêts de transport public (suis le lien Planifie ton itinéraire).
Que ce soit lors de la cueillette ou en ramassant des branches sèches pour allumer le feu, prélève avec modération et en variant les endroits. Respecte les espèces protégées et menacées.
En consommant des produits issus d’une agriculture locale et respectueuse de la vie du sol, tu contribues directement à aider la nature. Favorise les produits avec un faible packaging et utilise des contenants réutilisables dès que tu le peux. Evite au maximum le plastique à usage unique. Pense à remplir ta gourde à la maison avant ton expédition en forêt.